Les savoirs locaux ou savoirs endogènes sont un ensemble de connaissances intrinsèques enracinées dans la fibre historique et bioculturelle des peuples. Les spécificités neuro-réflexives qui fondent l’acquisition de ces savoirs produisent des représentations sociales et construisent des attitudes de sélection diversifiées dans les rapports de production du vécu en société. Les connaissances sont donc liées à la nature de la société selon sa configuration et structuration communautaire au sein de laquelle se déroulent des expériences de processus éducatifs informels ou formels d’acquisition du savoir, savoir-faire et savoir-être. Les savoirs endogènes africains suscitent toutefois, un diagnostic de leurs apports aux systèmes éducatifs dans la construction de la communauté de destin de l’humanité. La problématique qui se dégage est donc de savoir comment articuler les valeurs africaines dans un système éducatif d’émergence de compétences codifiées selon un cadre institutionnel comme référentiel universel. Dans ce sens, la question des savoirs endogènes a été abordée à partir d’une maïeutique critique issue de l’examen anthropologique des mécanismes fonctionnels des pratiques négro-africaines spécifiques en Côte d’Ivoire. Les résultats de l’étude révèlent que les savoirs endogènes procèdent d’une transmission éducative de type cognitivo-parentale et d’un modèle initiatique d’appropriation générationnelle des compétences ethnoscientifiques. L’adaptabilité de ces formes de savoirs au système éducatif conventionnel implique alors une approche théorique et prospective interdisciplinaire des sciences de l’éducation et de l’anthropologie selon des enjeux de développement durable. Les savoirs endogènes sont des atouts basiques sur lesquels devront se construire des compétences innovantes pour une redynamisation de la trajectoire d’évolution spécifique des Etats africains.
Yao Saturnin Davy Akaffou, 2023, Savoirs endogènes africains et modalités adaptatives aux systèmes éducatifs d’émergence de compétences, Vol. 1, N° 007, Revue ENSup de Bamako , pp. 22-33